Réduire ses déchets, entre utopie et réalité

De catastrophe écologique à consommatrice raisonnée (et presque zéro déchet)

Voilà bientôt une année que je me suis lancée dans la grande aventure du zéro déchet. Et ce ne fut pas sans mal puisque, novice dans ce domaine, il m’a fallut tout apprendre, tout déconstruire pour pouvoir tout reconstruire.

 

Enfance et adolescence entre produits transformés et shopping addict…

J’ai grandit dans une famille où la tradition était de manger de la viande à tous les repas. Ma mère avait l’habitude de cuisiner et de nous faire des plats maison, avec des légumes achetés au marché ou issus de notre potager. A côté de cela, nous consommions de nombreux produits transformés comme une pâte à tartiner très connue et bourrée d’huile de palme. Nos goûters étaient une accumulation de produits sucrés, emballés dans du plastique, lui-même emballé dans des boites en cartons (vous voyez de quoi je parle hein !)

Malgré cela, nous étions sensibilisés au gaspillage de l’eau, de l’électricité, à celui de la nourriture ou encore au tri des déchets ; mais sans que l’on en discute vraiment à la maison. Même si nous avions de nombreux jeux, nous demandions régulièrement à avoir la dernière poupée comme untel ou le dernier haut à la mode comme unetelle. Mais bien souvent, nous devions attendre jusqu’à Noël ou nos anniversaires qui étaient heureusement en été (ça nous faisait moins de temps à attendre !). Quoi qu’il en soit, je n’étais pas malheureuse, mais j’ai connu la frustration. Et lorsque j’ai quitté le domicile familial pour mes études, j’ai pris ma liberté, ma carte bleue et suis devenue une néo-consommatrice en puissance !

J’avais 18 ans à l’époque, j’allais la semaine à l’université et le week-end, j’étais vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter. L’argent que je gagnais me permettait de régler les faibles charges de mon appartement (le loyer étant payé par mes parents) et tout le reste de mon salaire passait dans l’achat de vêtements et les sorties ! Pendant mes années fac, j’ai vraiment beaucoup dépensé sans jamais me priver. Et à la fin de mes études, il a bien fallu que je prenne mon envol et que je subvienne seule à mes besoins.

 

Papa maman ne me payant plus mon loyer, j’ai commencé à modifier ma façon de consommer, à mettre un peu d’argent de côté, mais sans jamais rien me refuser. Pour les courses, il faut bien se l’avouer, après quelques semaines d’achats de produits frais, j’ai vite fait le choix de me fournir dans les grandes surfaces… (Les marchés du samedi matin m’auraient privée de ma grasse-matinée hebdomadaire !) Puis je me suis mise en couple et nous avons rapidement emménagés ensemble. Mon compagnon et moi n’avions pas du tout la même façon de consommer, lui prônait le bio à tout va et moi plutôt le local. Il nous a donc fallu plusieurs mois pour accorder nos violons !

 

Une longue prise de conscience pour débuter l’aventure du zéro déchet !

Nous avions pris l’habitude de faire nos achats en grandes surfaces. L’idée principale étant de nous rendre dans un unique lieu pour y trouver tout ce dont nous avions besoin.

 

Eté 2015 : Fin de mon congé maternité, je décide d’arrêter d’allaiter la P’tite Belette.

J’allais reprendre le travail et n’avais pas la possibilité de tirer mon lait et de le stocker sur place. J’ai donc effectué près d’une semaine de recherches sur le Web (sites de composition, forums, discussions, groupes Facebook…) pour trouver LE lait premier âge qui me convenait tant au niveau de la composition que de l’origine. J’avais déjà eu ce cheminement pour ses produits de toilettes avant sa naissance, et j’avais fait un nombre incalculable de magasins pour trouver le bon liniment ou la bonne crème pour le change !

 

Automne 2015 : Le moment clé de la diversification alimentaire a commencé.

Il était évident pour moi qu’elle ne mangerait que du bio et du fait maison. Je me souviens que ma mère interdisait à mon père de manger les pommes qu’elle avait achetées. « Les pommes bio, c’est pour la petite, et toi, tu manges les autres ! »

 

Même si nous allions régulièrement au marché, la majorité de nos achats se faisaient toujours en grandes surfaces. Nous dévalisions les rayons bio : gâteaux, fruits, légumes… Nous étions les rois des emballages en plastique. Salades, concombres, carottes, courgettes… tout y passait ! Nous ne nous en rendions pas compte à l’époque, mais nous remplissions notre caddie d’emballages et de suremballages en tout genre. Nous passions presque autant de temps à enlever les emballages qu’à ranger les courses une fois rentrés !

Printemps 2019 : Je prépare la rentrée.

Je suis enseignante, nous sommes en fin d’année scolaire et je prépare un projet pour mes élèves sur la thématique de l’eau, des déchets et du changement climatique. Pour cela, je rencontre plusieurs intervenants spécialisés dans ces domaines et en profite pour leur demander des chiffres concrets, des explications et leur avis sur notre mode de vie actuel. Après quelques jours de travaux et de recherches, la catastrophe m’a sautée aux yeux… Le monde dans lequel nous vivons est clairement un monde de merde !

 

Est-ce que je veux vraiment que mes enfants grandissent dans un monde où l’air est pollué et irrespirable ? Un monde où le plastique est présent même dans les estomacs des poissons. Un monde où l’eau risque de devenir LA ressource la plus convoitée du globe.

 

Je refuse que mes enfants pâtissent de mes erreurs et des erreurs des générations précédentes. Je me suis alors demandée comment moi, petite personne qui peuple cette Terre, je pouvais faire ma part. Comment pouvais-je enseigner à mes enfants des valeurs de consommation plus durables et plus responsables ?

 

Je me lance enfin et j’embarque toute ma famille !

Tic Tac… Tic Tac… J’ai passé de nombreuses heures à chercher sur Internet, à lire des publications, des articles, des blogs ; j’ai écumé le Web à la recherche de solutions. Puis, j’ai commencé à me poser des questions sur ma façon de consommer, à me demander quels objets de la maison nous étaient réellement nécessaires. J’ai suivi cette démarche pour les vêtements, les meubles, les cosmétiques, la nourriture… Et petit à petit, j’ai trié, donné, vendu, jeté et j’ai investi !

 

Le premier grand chantier a eu lieu dans ma salle de bain. J’ai passé de longues heures à étudier les compositions de mes produits et ceux de mes enfants. Il m’a fallu du temps pour trouver des alternatives mais ma salle de bain est LA pièce la plus aboutie niveau zéro déchet. J’ai testé, modifié, adapté certaines recettes de cosmétiques dénichées ici et là, et si les deux critères rapidité d’exécution et efficacité étaient au rendez-vous, j’ai noté et validé ! J’ai ensuite fait la même chose pour le linge et les produits d’entretien.

 

Puis je me suis attaquée à la cuisine. (Gros gros gros chantier voyez-vous !). La cuisine est LE domaine réservé à Monsieur… Et Monsieur, on ne lui change pas ses petites habitudes comme ça ! La cuisine est encore en cours de « construction » sur le plan du zéro déchet mais la tournure qu’elle prend est encourageante de mon point de vue personnel !

 

En parallèle, j’ai fait de la place dans nos armoires, en faisant un gros tri, un très gros tri même… J’ai tout de même conservé ce petit short que je portais avant d’être maman et dans lequel j’espère secrètement rentrer de nouveau un jour… Même si ce n’est pas parfait, j’essaye d’acheter du seconde main en brocantes, vide-dressing, vide-greniers… Et je le fais aussi pour les jeux et pour les meubles ; le lit de la Belette et les rangements de la salle de jeux ont par exemple eu une première vie avant d’arriver chez nous.

 

Ce mode de consommation, je l’impose à mes enfants et je dois l’avouer un peu à mon Chéri aussi. Mais j’ai beau lui vanter les mérites de mon dentifrice ou de ma crème maison, il continue d’utiliser ses mixtures industrielles (dont la composition est plus que douteuse). Et même s’il ne comprend pas toujours pourquoi je préfère perdre du temps à trouver une place en centre ville pour faire mes courses dans le seul magasin qui propose des produits bio et locaux en vrac, il me laisse faire et parfois même, me propose par lui-même des alternatives zéro déchet. L’abonnement aux paniers de légumes bio et locaux, c’était son idée !

 

Pour certains, je suis de bon conseil. On me pose souvent des questions sur mes achats en vrac, sur mes astuces pour certains soins ou encore sur mon fonctionnement quotidien. C’est quelque chose qui me passionne et qui me prend aux tripes et c’est devenu tellement logique pour moi que j’essaie de le transmettre avec diplomatie et bienveillance. Mes parents en font d’ailleurs bien souvent les frais… Un jour peut-être arriveront-ils à ne plus acheter d’eau en bouteille !

 

Pour d’autres, je suis une extra-terrestre qui perd son temps à faire elle-même ses produits. Certains n’en voient pas l’utilité et j’entends souvent « oui, mais c’est pas avec ce que tu fais que tu vas changer le monde ! ». Oui, mais si tout le monde fait un peu, ne serait ce que trier correctement les emballages ou consommer des fruits et des légumes de saison, alors, ça, ça pourrait changer le monde !

 

Mais je ne suis pas parfaite et aujourd’hui, il me reste encore beaucoup de chemin…

Alors non, je ne suis pas parfaite. Et non, ma maison n’est pas totalement zéro déchet !

Certains produits que nous achetons sont toujours emballés dans du plastique, parfois ils ne viennent même pas de France… Et je continue d’acheter neufs certaines paires de chaussures ou certains livres. Mais les efforts réalisés m’ont permis de mettre en accord ma façon de consommer avec ma façon de penser. Et je suis fière qu’à leur âge, mes enfants en aient pris conscience.

 

Miss Piplette a bien compris la différence entre les produits bio et ceux issus de l’agriculture traditionnelle. Que les légumes et les fruits ne poussaient pas tout au long de l’année et que c’était pour cela qu’on ne mangeait des fraises et des concombres que pendant les beaux jours ! Que la crème hydratante que maman fabrique ne contient que de bonnes choses et que quand elle va chez ses grands-parents, elle refuse d’en mettre une autre.

 

Et Petit Chat, du haut de ses 2 ans, n’a peut-être pas encore conscience de tout cela mais il est très content que les goûters soient maison car ça lui permet de lécher les plats de toutes nos préparations.

 

Même si nous avons encore notre poubelle, elle rétrécit de plus en plus. Et au lieu de me focaliser sur les déchets qui subsistent encore à la maison, je préfère regarder ceux que nous évitons de faire et me rendre compte du chemin parcouru. Le chemin du zéro déchet est long et pas toujours compatible avec l’endroit où nous vivons. Un jour peut-être que je pourrais ranger ma voiture au garage et me rendre au travail à pied… Qui sait ?

 

Et vous, envie de vous lancer dans le zéro déchet ?

 


Ici tout le monde a un avis ... et toi aussi !

4 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
27 ⁄ 9 =